13 février, 2007

Brassens, je peux pas résister, faut que j'en remette une louche !

Voici ce que Cocteau écrit dès 1955...*

"Brassens- la fausse bonhomie- le moustachu à qui la pauvreté coûte cher. ( Il achète son immeuble pour faire plaisir à sa concierge et pour conserver sa chambre de bonne au cinquième, car il estime que s’il changeait ses moindres habitudes il perdrait son inspiration.)
Cet imbécile a des idolâtres.” Ne pas être de l’académie- comme certains autres...” Voilà comment il répond à la radio lorsqu’on lui demande : “Avez-vous un souhait à formuler ? Il a du apprendre ce que je pense de son inspiration et de ses idolâtres/ Quel brave homme !

* "Le Passé défini" Gallimard éditeur

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Je vois cher Pépé que votre goût en matière de chanson vaut votre goût en matière de progressisme politique.

P. P. Lemoqeur a dit…

Non-non, j'ai seulement des sensibilités successives... et des énervements tenaces, de quoi vivre en harmonie, en quelque sorte...

Pour ce qui est du progressisme en matière de politique, il paraîtrait à en entendre ses partisans que ce serait la droite le parangon de la modernité...

Donc, j'ai tout faux !

Quant à Brassens, il était déjà,j'imagine, réac in utero... ( J'ai eu il y a quelques mois des démélés avec ses "idolâtres" lorsque j'ai mis en évidence en le citant l'homophobie maladive et violente de Brassens. )

Quand Cocteau dit, parlant de lui : " ( Quel) Brave Homme" c'est ça ( en dehors de la référence à Tartuffe) qu'il veut dire.

Anonyme a dit…

Je parlais en fait de votre soutien implicite à Ségolène à travers votre article sur Bové. Je ne pense pas que Ségolène soit très progressiste.
Brassens était un mec de son époque et de son milieu. Comme Brel.Je ne suis pas idolâtre de Brassens mais je ne me lasse pas de l'écouter. Réac, ça ne veut rien dire dans l'absolu. Pour les jeunes des années cinquante qui écoutaient Brassens, il était au contraire symbole de liberté de ton et de nouveauté. Leurs parents ne s'y trompaient pas qui n'aimaient pas beaucoup que leur gamin écoute ça et qui lui préféraient un mariano, un tino rossi ou même un trénet.

P. P. Lemoqeur a dit…

J'invite pas à voter Ségolène, je pousse à voter pour ! et c'est pas simple parce qu'il faut pousser fort ! C'est pas de gaité de coeur, mais il s'agit avant tout de faire échec à l'autre. Après on verra. Je serais irresponsable ? Possible, mais tout mais pas Sarlozy.

Pour ce qui est de Brassens, moi aussi, je le connais par coeur, car contrairement aux parents dont vous parlez, les miens l'écoutaient en famille...
Mais ce n'est pas parce que les gens y ont vu de la subversion, qu'il y en avait... Crier "Mort aux vaches" c'était pas très nouveau... Ce qui était nouveau , en revanche c'était son couplet radicalement homophobe des "Trompettes de la renomée". Et qu'on ne vienne pas me dire que c'était l'époque, parce que dans ce cas, l'antisémitisme au moment de l'affaire Dreyfus ça l'était tout autant, d'époque... Fut-ce pour autant excusable ?
D'ailleurs, même si cette homophobie était dans le vent, la subversion eût étée de ne pas tomber dans le panneau... Il n'est pas tombé dedans,pire : il s'y est vautré, le beauf !

Anonyme a dit…

La nouveauté était d'abord dans la musique. Une simplicité apparente et une complexité des accords, l'apport du jazz manouche (pour un beauf dans les années cinquante...). Et puis si tous les beaufs pouvaint écrire avec autant d'humanité que dans "la visite", "le grand Pan" ou "les quatres zarts" et être capable de viser aussi juste dans ses choix poétqiues (voir "pensée des morts" ou "la marine"), le monde ne serait pas si invivable. Brassens avait effectivement un côté anar de droite, de ces types issus d'un milieu pauvre (tout le monde n'est pas né comme Cocteau dans la grande bourgeoisie)et qui ont eu vingt ans pendant la guerre. Bon, je ne suis pas du tout de droite, mais quand on voit la crapulerie d'un Aragon ou d'un Breton, après tout, je trouve Brassens très humain.Il faut distinguer les idées générales et le comportement réel des gens. Et là dessus je n'ai jamais entendu dire que Brassens avait été limite et cela dans aucun domaine (contrairement à Brel ou à Ferré que je d'adore par ailleurs).
J'ai peut-être tort, mais je pense que ton exemple sur l'antisémitisme n'est pas tenable. L'antisémitisme certes était fort répandu jusqu'à la guerre 39-45, mais il a toujours été l'enjeu d'un conflit politique (conservateur/progressiste). Il n'a jamais fait consensus (ni même quasi consensus). La lutte antihomophobe est très récente. Il ne faut pas oublier que jusque dans les années soixante, la revendication homosexuelle n'était l'affaire que d'artistes ou de bourgeois.

P. P. Lemoqeur a dit…

C'est marrant, il y a des gens qui sont intouchables. Brassens en fait partie. On ne peut rien dire qui soit contraire au consensus qui l'entoure au point même de fermer les yeux et le oreilles sur certains de ses écrits.
Pourquoi ne pas avoir la franchise de dire : "oui Brassens était homophobe mais je m'en tape", plutôt que nier l'évidence.

Pour ce qui est de la conparaison avec l'antisémitisme elle est tout à fait naturelle, en raison du nombre d'homos qui ont porté le triangle rose et de ceux qui sont morts en camps.

Le fait que le combat contre l'homophobie ne daterait que des années soixante ( en fait il commence juste après guerre avec le mouvement Arcadie) n'éxonère en rien ceux qui à la même époque, (comme Brassens le fit dans les années soixante avec les Trompettes de la renomée), furent les chantres d'une "homophobie" de bon aloi, puisqu'émanant comme lui d'intellectuels...

On peut donc très bien écouter Brassens l'homophobe comme on peut très bien lire Céline l'antisémite...

Site counter

Archives du blog