10 mars, 2007

Conte de Printemps

C'était au printemps, à la fin du printemps. Les citoyens partirent aux urnes comme on part à la mine. Ils n'avaient pas compris le danger de l'histoire... Ils avaient le choix entre une princesse, élégante, rusée peut-être, un bouffon et un ogre... La tare rédhibitoire de la femme était d'être une femme, celle du bouffon d'être un bouffon. L'ogre clâmait-on à l'envi était démocrate, petit de taille certes, mais c'était un ogre. Ils votèrent pour lui, car il promettait des merveilles, du bonheur, du mouvement, de l’action, de la modernité et surtout de l' argent pour tous ceux qui en voudrait, à condition qu'ils eussent envie de travailler... Travailler, c'était facile, il suffisait de vouloir, disait le petit ogre compteur et contempteur des millions de chômeurs à qui pourtant ses acolytes n'avaient pas été en mesure d'en fournir, du travail ... Il faut dire qu'en ces temps anciens, on en était arrivé à ce que les entreprises gagnent des milliards en supprimant des emplois. Ca ne pouvait bien sûr pas durer, mais pendant que ça durait, on pouvait s'en mettre plein les poches... Et l'on aurait vendu son père, sa mère pour un petit sous, une action...

Quand l’ogre fut au pouvoir dans son palais, et après qu'on lui eût à sa botte voté une assemblée, il se montra sitôt sous son vrai jour... comme tous les ploutocrates, dur, hautain, élitiste. Serviteur zélé des riches bien plus riches qu‘il ne le fut lui-même jamais. Il chassa les étrangers pour rassurer ceux qui l'avaient élu même s'ils n'étaient pas de son bord pour qu'il accomplît cette besogne indigne... Bien sûr, malgré cela, il ne fut pas capable de donner même à ceux qui l’auraient voulu ce travail rémunérateur et salvateur qu’il leur avait promis, puisque les riches, ses maîtres (qui avaient payé son avènement), gagnaient encore plus d’argent en le réduisant. Il rêvait, parallèlement, du Cathay , ce pays de cocagne dont parlait déjà Monsieur de Voltaire où les gens travaillaient encore, durement, mais de surcroît gratuitement... La gratuité du travail était devenue l’unique alternative ... Il y eut des révoltes, des émeutes... On s’en prit aux biens, aux personnes, et même ceux qui l’avaient élu dans le but d’avoir quelques miettes du gâteau, se sentant floués, fomentèrent révoltes et jacqueries... Il fit donner la troupe car les seuls emplois qu‘il n‘avait pas supprimés et dont il avait augmenté les subsides étaient ceux de l‘armée et de la police... Tout ça finit dans un bain de sang...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je pense pour ma part qu''il n'y a pas lieu de déplorer que la part du travail salarié aille en diminuant. Jadis la bourgeoisie remplaca la noblesse lorsque les rapports commerciaux remplacèrent dans les faits des rapports de vassalité devenus socialement inopérants avant de les remplacer dans le droit. Les liens salariés diminuant, les rapports commerciaux finiront par devenir socialement inopérants. Il n'y a pas de scandale là-dedans (pourquoi toujours surdétreminer moralement les faits sociaux), juste un processus historique qui engendrera un autre type de domination sociale qui remplacera la domination bourgeoise. On peut juste attendre de la politique qu'elle permette que ce passage se fasse le moins violemment possible.

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