27 juin, 2007

"La femme de César doit être irréprochable !"

En ces périodes où l'on confond dans un certain milieu politique débauche et liberté, indignité et modernité, on cite souvent cette phrase : "La femme de César doit être irréprochable" (comme si César ne devait pas l'être lui aussi...). Mais ce n'est pas exactement ce qui a été dit.

Indro Montanelli dans son admirable "Histoire de Rome" ( Éditions Mondiales, 1959 ou Livre de Poche n° 1161/1162 p.137) raconte avec sa verve habituelle, quand, pourquoi et comment la chose fut dite.

"Jules César épousa la fille de Pison après avoir régulièrement divorcé d'avec sa troisième femme Pompeia qui était sur le point d'être attaquée en justice pour outrage à la pudeur et à la religion : on l'accusait d'avoir introduit son amant Clodius déguisé en femme dans l'enceinte consacrée à la déesse Bona, dont elle était prêtresse. Le fait était réel. Clodius, jeune et bel aristocrate ambitieux et sans scrupules fréquentait la maison de César dont il admirait la politique, mais davantage encore la femme. Ce qu'on ignore, c'est que celle-ci était sa complice quand on le surprit en train de se livrer à cet acte impie. César cité comme témoin proclama l' innocence de Pompeia. Comme le juge lui demandait pourquoi, dans ce cas là il avait divorcé, il lui répondit : "Parce que la femme de César ne doit même pas être effleurée par un soupçon". Il témoigna aussi en faveur de Clodius en déclarant qu'il ne le croyait pas capable d'un geste semblable, bien qu'il se fût avéré qu'il en avait fait de bien pires etc..."

On voit donc que César, s'il n'est pas à cheval sur la morale, l'est en revanche et fortement, deux mille ans avant nous, sur "l'image", on dirait aujourd'hui la "com". Peu importe que Pompeia le trompe, cela ne doit pas être dit... Il ne divorce pas parce qu'elle l'a cocufié, mais parce que cela, et par sa légèreté, s'est su. (belle aubaine puisqu'il a décidé bien avant le scandale d'épouser une femme encore plus riche...) Il lui faut donc nier l'évidence et la réduire - comme c'est adroit - à l'état d'un soupçon qu'on dément . Il réussit... Et oui... C'est ça, être César... et l'on est bien loin aujourd'hui, qui qu'on soit, de prendre en compte pour l'apprécier, "l' effleurement du soupçon"....
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