06 août, 2007

Lili, sa maman et le charope

En tentant de faire du caramel, il y a quelques minutes, je me suis surpris à penser à Lili... Lili ne s'appelait pas Lili mais Danielle. On l'appelait Lili par une apocope exercée tout naturellement sur son nom de famille. Lili avait la plus jolie peau ivoirine-chryséléphantine de brune levantine qu'on puisse imaginer. Elle était plutôt mince -Twiggy était pour les filles le critère de l'époque- mais sa maman en bonne juive turque (bien que de lointaine origine portugaise, ils avaient du quitter Izmir dans les années vingt au moment des tourmentes, car il ne faut pas oublier que si l'empire ottoman s'intéressa d'un seul coup aux arméniens, il n'oublia pas les juifs pour autant...) la trouvait toujours trop maigre, obsédée par l'image de l'opulence que représentait toute odalisque, fût elle liée au souvenir d'un bien triste passé, de bien tristes moments.
- Danielle, lui disait-elle de préférence devant ses amis et pour leur (notre) plus grande joie, tu as encore maigri des chevilles...
C'est aussi de Lili que, curieusement (de qui les tenait-elle ? ), j'appris quelques expressions turques d'une rare salacité...

Lili était fille unique, et pour son bonheur, et pour son malheur. Sa maman qui avec son mari vendait des "tartonim" ("petites culottes" en hébreux... ) sur le marché de Poitiers, l'avait, pour assurer sa réussite fait éduquer chez les soeurs (j'ai trouvé sur le net deux Danielle L... l' une candidate UMP dans la région PACA, mais surtout une autre, psychanalyste dont il y aurait plus d'une raison que ce soit elle...). Car, ça ne manquait pas, à Poitiers et à cette époque, les soeurs qui, curieusement - c'était au moment de la "guerre des six jours"- ne cherchaient pas ou avaient renoncé à les convertir...
La maman de Lili avait des recettes délicieuses, à faire mourir sur place tout diététicien chevronné...
Elle faisait du "charope".(i.e. "xarope", sirop portugais)
Son charope était un truc extraordinaire qui consiste à faire cuire du sucre dans de l'eau comme on ferait un caramel, mais en le brassant avec une cuiller en bois en permanence, fortement mais à feu doux, pour l'empêcher, justement, de virer caramel et ainsi obtenir cette consistance curieuse, cette douce, cette soyeuse texture dont étaient faits ces bonbons qu'on ne trouve plus et qu'on appelait "Fondants". On peut le parfumer, à la rose, au citron, au café ou au chocolat, bref à tout ce qu'on veut dont le goût résiste sans se dégrader à une cuisson prolongée. Une fois refroidi, on le coupe en morceaux. La maman de Lili m'avait appris à le faire et pour un homme et qui plus est un goy, j'avais, affirmait-elle, un sacré tour de main...
Je crois que d'ici peu je vais réessayer...
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