11 novembre, 2007

Romantique ? ou Romanesque ?

La semaine dernière sur Europe, une émission l'après midi a pour sujet cette question d'une importance extrême en temps de paix : "Êtes-vous romantique ?". Il y a bien sûr des gens qui téléphonent mais aussi des invités. La blonde des ondes qui officie, une certaine Faustine Bollaerd (ou quelque chose comme ça), est particulièrement inepte, inculte, et un chouïa hystérique, personne n'est parfait. Mais tout de même... les invités, eux, pourraient être moins cons, non ?
Et bien voilà, on vous explique. Être romantique, c'est offrir des fleurs à son amoureuse, lui dire qu'on l'aime le jour la nuit, la Saint-Valentin quotidienne. Car il faut bien comprendre que c'est un truc de mec, le Romantisme... pas une fantaisie de bonne femme, un délire de fendue... Le Romantisme tel qu'on l'imagine à l'instant, c'est couillu... C'est faire des trucs insensés pour prouver son amour, du genre " Patrouille de France qui dessine dans le ciel sous les yeux ébahis de l'aimée un coeur avec une flèche au centre et en plus : "A Jennifer pour la vie", signé Bryan ! (une société de services propose quasiment ça pour quelques milliers d'euros...) Bref, l'accessoire du Romantisme aujourd'hui c'est un peu le 4X4 qui vous mène sur un coup de tête un soir à Étretat...En tous cas, c'est toujours le mec qui s'y colle...
Bon, je crois qu'il faut reprendre les choses dès le début et dans l'ordre... Le Romantisme, c'est pas de la gaudriole... C'est pas de la fiction à cent balles... ni, comme le prétend un auditeur, "Le Zèbre", roman à succès de ce brave Jardin qui croit sans doute en l'occurrence et en toute sincérité avoir créé un héros romantique sous les traits d'un notaire... Ce n'est de toute façon et en aucune manière patauger dans un bonheur tarifé...
Le Romantisme, tas de glandu(e)s ça mène à la folie (Marguerite dans Faust), pas chez Interflora, à la mort et pas chez Cartier (Werther qui se suicide de l'indifférence de Lotte).

Le Romantisme c'est Gérard de Nerval génial et dévasté, pendu à une grille rue de la Vieille Lanterne, au pied de la Tour Saint Jacques... Marie d'Agoult dite Daniel Stern, morte folle elle aussi... C'est aussi George Sand vaillante et généreuse... Hugo, Vigny, Chateaubriand ... j'arrête... la cour est pleine...

Le reste, pauvres imbéciles sonores, incolores, indolores, inodores, c'est du Ro-ma-nes-que... Faudrait pas confondre les chansons de Vincent Delherm et les lieder de Schubert, Goethe et Christine Angot, La Malibran et Marianne James. Hélas, hélas, on en est là ....
Et c'est ainsi que vous persistez à mélanger les genres... Confondre romanesque et romantisme, ça a un nom, ça s'appelle le "bovarysme"... On en meurt aussi, c'est vrai...
J'ai vécu quelques années avec quelqu'un qui, infatigablement, avec soin, faisait l'amalgame. Ça devient insupportable, rien à faire : cas de divorce... Ma vie en aucun cas n'est un roman dont je suis le héros pas plus que la victime... Ni Cosette, ni Jean Valjean...
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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Dans quelle catégorie range-t-on ce sublime geste de robert bidochon qui, sommé par raymonde de la surprendre par quelque geste qui sorte du quotidien, extrait une clope de son paquet et lui répond : bon d'accord, tu vois cette clope ? je la bouffe.
Romantique ou romanesque ?
Marie.

P. P. Lemoqeur a dit…

Vous le dites vous-même, Marie, le geste est sublime ! Il tend donc vers le "romantique" ! Mais, Bidochon vous le savez, touche à l'Universel, il est donc probable que le geste de Raymond est à la fois romanesque et romantique et donc doublement paradigmatique. C'est rare, j'en conviens, mais c'est ce qui fait sa force et le rend en tous points admirable !

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