24 janvier, 2008

Des arbres bleus et l'herbe rouge


Il y avait à deux pas de chez nous une propriété superbe, moins par la maison toutefois élégante et confortable, que par un parc tout en longueur, arboré d'essences variées, rares et merveilleuses. Elle appartenait à un commerçant chapelier poitevin qui la louait au commissaire de police de la ville et à sa famille. Nous les fréquentions. Il y avait, au bord des "coteaux" en surplomb, une pergola en belvédère exactement à la manière d'un tableau de Maxfield Parrish. Il y avait surtout des pins originaires de je ne sais où dont les aiguilles étaient bleues. J'étais à l'école et devant dessiner un arbre, je fis un pin aux aiguilles bleues. La maîtresse me fit honte... Non, les arbres bleus n'existent pas... J'eus beau lui dire que si, ça existait, chez le commissaire de police... rien ne put la convaincre... elle fit, selon la pédagogie de l'époque, qu'on se moqua de moi... Misérable conne qui ne vit jamais d'arbre bleu...
J'appris de Boris Vian quelques années après que l'herbe était rouge...
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5 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher PP,

vous oubliez également que les Oranges sont bleues selon Paul Eluard décrivant la Terre(et plus tard Hergé dans une autre histoire et encore plus tard Sardou dans une chanson en guise de clin d'oeil)

Le Barde

Anonyme a dit…

Elle était fabuleuse la maison du chapelier,l'immense salle à vivre était en fait,une rotonde, un vaste couloir qui desservait les autres pièces de la maison. Une maison d'architecte conçue pour le plaisir de l'oeil... impossible à meubler,difficile à habiter. Le jardin était féérique et les arbres aux multiples essences nous conduisaient tout droit au bord du précipice, vers ces côteaux interdits,inquiétants, redoutés autant que désirés : Eden assuré pour nous, enfants poétes qui rêvions "de luxe,de calme et de volupté" ... Hélas,souvent ce lieu paradisiaque, sous la violence d'un père malade se muait en enfer pour les enfants amis qui vivaient ici... Effectivement les pins qui exsudaient de la gomme parfumée étaient parés d'épines bleues acérées...

P. P. Lemoqeur a dit…

Ces épines bleues, bien involontairement, me firent du mal...
Savez-vous qu'encore aujourd'hui, si on me demande de dessiner un sapin en couleur, il est toujours invariablement bleu ? Avouez qu'un sapin vert...
Pour ce qui est du maître de maison, il ressemblait, je m'en souviens, à s'y méprendre, à Serge Prokofiev dont la photo était reproduite dans notre "Histoire de La Musique"...

Anonyme a dit…

Si mes souvenirs sont bons la femme du commisaire était pianiste dans sa jeunesse, elle avait abandonné la musique lorsqu'elle connut "Prokofiev". Je me souviens de cette femme belle dans sa douleur, elle portait souvent des lunettes noires pour cacher cernes et hematomes.Elle était agnostique mais conduisait ses enfants à l'église. Son mari était très croyant,séminariste dans sa jeunesse il pratiquait assidûment... Leurs enfants, de vraies merveilles, semblaient sortis d'un album de Caroll Lewis, les petites files blondes ou brunes avaient les yeux bleus de nos poupées de porceleine...

P. P. Lemoqeur a dit…

L'aîné des garçons (à moins que ce ne fut le seul?) n'était pas infirme non plus. Vous souvenez-vous qu'un jour de crise, son père lui planta un couteau dans la cuisse ?
Et Madame G.,la maman, qui racontait qu'enfant, un jour d'orage, elle avait évoqué la possibilité que la foudre vint frapper la maison... Elle n'eut pas, disait-on, fini sa phrase que la foudre tomba dans la soupière...

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