29 septembre, 2008

Rituels canins et autres

Il y avait comme ça des rituels. Le chien, par exemple. Il s'appelait Pinceau parce qu'il avait une queue si courte... C'était un chien extraordinaire comme tous les chiens dont les gens parlent. Un mélange subtil de tous les gènes possibles qu'un chien put réunir dans son petit patrimoine. De toute façon, avez-vous déjà entendu quelqu'un vous dire :"Mon chien est idiot, méchant et il pue " ? Jamais de la vie ! Les gens sont beaucoup plus diserts dès qu'il s'agit de leurs semblables et surtout de leurs proches. "Mon mari est un beau salaud, il tire même pas la chasse quand il va aux chiottes". "Ma femme est une morue qui se laisse aller, c'est une pitié, un apostolat !". "Mes enfants sont des cons, égoïstes, j'ai pas intérêt à compter sur eux"...etc...etc. Mais le chien qu'on aime, il a tous les talents, toutes les vertus, voire plus ! Le chat aussi, honnêtement. Bref, Pinceau avait pour territoire la ville entière et ses faubourgs qu'il arpentait nuitamment. C'était un hyperactif dont je ne me souviens pas de l'avoir vu dormir. Le matin quand il nous arrivait d'aller à l'école à pied, il nous suivait, fidèle, un peu trop fidèle, même ces matins d'hiver quand il fait encore nuit, jusque dans la cour de récréation si nous n'agissions pas suffisamment en amont. La parade consistait, si nous passions devant chez elle, à entrer avec lui dans le couloir de la maison de la grand-mère Valentine et d'en ressortir rapidement en l'enfermant à l'intérieur. Si personne ne lui ouvrait la porte, on avait le temps d'arriver à l'école avant lui. Si nous ne passions pas par chez la grand mère, les itinéraires étant multiples, nous l'enfermions (il n'y avait pas de digicodes à l'époque, souvent même, pas de serrures...) dans l'entrée de n'importe quelle maison amie ou non, qu'il empestait quand même un peu de ses corporelles effluves, ayant l'habitude de se rouler dans les charognes qu'il enterrait avant de les remettre à jour.... Il était connu, même des flics (nous en comptions parmi nos amis) qui nous le ramenaient tel un enfant fugueur en panier à salade. Nous le retrouvions aussi parfois au sortir de l'école, c'était moins gênant. Je passais tous les soirs, second rituel, chez Valentine où m'attendait, qu'il pleuve qu'il vente ou par beau temps, mon "Petit Carré Gervais" et (comment se débrouillait-elle, l'admirable qu'on devait n'aimer qu'en cachette ?) du pain frais à cinq heures de l'après midi. Pinceau m'attendait en bas dans le couloir. Je lui lançais un petit bout de sucre qu'il attrapait au vol, sans jamais le manquer.

Sans doute est-ce pour ça que j'aime toujours les chiens et le fromage blanc...
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