26 octobre, 2008

Souvenirs-souvenirs ou les marchands de cochons et François Mitterrand

J'ai connu des gens bizarres. Il m'arrive souvent de penser à eux et c'est curieusement, on ne se refait pas, encore plus souvent vers la Toussaint... Voilà l'histoire. Le soir où je rencontrai Paul X......dans un endroit pas recommandable, il venait de se voir notifier par l'administration giscardienne un redressement fiscal qui, justifié ou non, équivalait pour lui à une condamnation à mort. Il était au bord du suicide et sur un banc du square Jean XXIII assez peu animé ce soir là malgré une douceur automnale, je lui fis une thérapie de soutien qui dura jusqu'à l'aube. Il devait approcher de la soixantaine et avait été l'un des plus gros marchands de bestiaux de la CEE, de cochons surtout... Il était aussi mélomane et connu pour sa corpulence, son chapeau, sa voix tonitruante, ses propos sans mesure, son appétit d'ogre et ses luxueuses limousines américaines ou ses rapides italiennes. Ça ne s'invente pas des gens comme ça. Nous devînmes amis, en tout bien tout honneur-je n'étais pas son genre et il n'était pas le mien, et découvrîmes que nous en avions plus d'un en commun, mais pas que des amis non plus... Il me rendit, par son impressionnant carnet d'adresses, bien des services, reconnaissant de ce que je l'avais un soir, simplement écouté. Bref, bien qu'il fut résolument de droite je l'aimais bien Paul, et j'avais pour lui d'autant plus de sympathie que tout le monde à droite comme à gauche le détestait, ou le méprisait, j'ai tendance, j'avoue, à fonctionner comme ça. Un marchand de cochon cultivé c'était, pour certains, incongru, pour d'autres, détestable, inadmissible, obscène. Tout ça se passait en 1979. En 1981 pendant les élections, il avait ses entrées à la mairie de Paris. Certains prétendaient même qu'il y avait un bureau et qu'il y dormait. Entre les deux tours, je le croise un midi sur le parvis de l'Hôtel de Ville et il m'invite à aller nous empiffrer de cochonnailles en tous genres et d'excellent Morgon (j'aime le Morgon, le Brouilly aussi...) dans l'un de ses rades favoris ; j'ai jamais vu un mec bâfrer comme ça et savoir tout autant se faire haïr... Je lui demande alors ce qu'il fait et il m'avoue qu'il est (en redoutable agent électoral, ce que je savais) en train de convaincre avec un staff de petit(e)s téléphonistes RPR tout un pan de l'agriculture d'élevage de France de voter et surtout de faire voter au second tour Mitterrand dont il m'annonce la victoire évidente, pourcentage compris... Le soir du deuxième tour, il avait tout juste.
On devait fêter ça, enfin pour lui surtout la peau de Giscard, mais on le retrouva, sur une aire d'autoroute, mort d'un infarctus au volant de sa vieille Alpha Romeo mauve, seul.
Voilà...
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