06 novembre, 2008

Dominique Fernandez, Pasolini, le Caravage et moi-même...

Ce matin à la radio Dominique Fernandez parle de l'Italie, de la peinture, du Caravage, bien entendu. Il établit enfin le parallèle Pasolini/Caravage.
Je suis assez fier car voici ce que j'écrivais ici même le 18 décembre 2005 :

"Le Caravage est mort, comme mourra Pasolini et peut être pour les mêmes raisons, probablement assassiné sur une plage d'Italie. Le Caravage comme Pasolini, aimait les ragazzi. Pasolini les filmait comme Caravaggio les peignait, bruts, fils du peuple, forts et dignes, même si ses références picturales dépassent et c'est normal , cette unique période de la peinture italienne.

Je pense à ça car je suis allé voir et revoir sur le net les principaux tableaux du Caravage, peintre pour lequel j'ai une indéfectible sympathie, pour ne pas dire une réelle passion . Il ya dix ans j'étais à Rome à Pâques et seul... et je restai des heures à Saint Louis des Français à remettre lire sur lire dans un tronc fort gourmand pour éclairer dans la chapelle Contarelli la " Vocation de Saint Mathieu" . Je ne suis pas historien de l'Art, je ne suis rien qu'un amateur mais je dois avouer que cette concentration caravagesque unique au monde me fait autant d'effet, moi qui suis musicien, qu'une oeuvre musicale de même valeur. ( Je ne vous dirai pas laquelle, je suis contre le principe des " correspondances"...) . Le Caravage ferait presque regretter, si l'on n'est pas croyant, de ne pas l'être, car il réussit, lui qui l' était, croyant, de réunir dans toute son oeuvre , la vie, l'amour , la mort, sans aucun préjugé. Les personnages de Caravage ont les pieds sales s'il ont marché, (Guido Reni et Subleyras, les Le Nain et d'autres jusqu'à Caillebotte en passant par Courbet, les traiteront de la même manière, des lustres après), ils grimacent s'ils sont effrayés, ils rient s'ils sont heureux, (humains forcément humains aurait-elle dit...) . Le clair obscur, même s'il est efficace, est finalement secondaire dans la mesure où il est le fruit d'une reflexion relevant d'un projet pédagogique de la Contre Reforme. Mais Caravage est subversif, et utilise ces directives pour, les détournant, mettre en valeur le galbe d'un muscle, la rondeur d'un fessier... Caravage, comme Pasolini, est incontrôlable... C'est aussi pour ça que je l'aime.

Après, bien sûr, il y eut les " caravagesques", de la Tour, Valentin de Boulogne et les autres. Oui mais, oui, mais... de la Tour aussi admirable qu'il est , avec ses jeux de lumière, ses personnages populaires, n'est en rien subversif... et les autres carvagesques ne le sont pas plus...

Le Caravage, ce n'est pas que le clair obscur... c'est donc, une fois encore et avant tout, la subversion..."
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