22 février, 2009

Comme un dimanche

Et ben pour un dimanche, c'était un vrai dimanche, avec les bruits du dimanche, c'est à dire pas de bruits ou presque, pour les odeurs pareil au même ! Bon, c'est clair, le dimanche j'ai jamais vraiment aimé. Même que quand j'étais gamin, pour moi c'était une corvée, le dimanche, un pensum, un apostolat ! Le dimanche matin, déjà, c'était pas triste... Fallait aller à la messe. C'est mon père qui m'a sauvé, extrait de la nasse en m'emmenant avec lui à ce qu'on appelait entre nous la messe à J-A du nom de l'organiste ami qui devint mon maître de musique et qui nous accueillait à sa tribune où l'on déconnait ferme et où à force d'entendre mais aussi de voir improviser, j'ai fini par comprendre très tôt et comment ça marchait et que c'était vachement bien, l'autarcie, je suis pour !. Les promenades l'après-midi dans la forêt de Moulière, ça allait, c'était viable. Mais le pire c'était le dimanche soir, dès la nuit tombée. J'avais comme tous les dimanches tellement traîné pour faire mes devoirs qu'ils étaient pas faits ; ayant sans en connaître le mot érigé la procrastination en règle de vie, j'étais régulièrement dans la merde... Les dimanches soirs de mon enfance m'ont dévasté le bonheur ! et depuis, tous les dimanches soirs, c'est terrible, sur les vingt heures : je m'en souviens, j'ai un flash : " j'ai pas fait mes devoirs" ... L'horreur du dimanche soir, en fait, c'était le lundi matin. C'eût été moins pénible et cruel de ne pas s'arrêter. Ce qui fait donc que non seulement ils m'ont pourri en direct une partie de ma vie, rendu soucieux l' âge qui est censé ne pas l'être, mais ils continuent, en réduction c'est vrai, de le faire par le truchement du souvenir... Et quoique je prétende parfois, j'ai une excellente mémoire.
A "Je hais les dimanches" la chanson de Piaf et de Gréco, j'ai toujours préféré celle de Damia, "Sombre dimanche" . "Je mourrai un dimanche où j'aurai trop pleuré"... chantait-elle, ben oui, c'est ça le dimanche... C'est sûr, on ne meurt pas un lundi si ce n'est par accident, par maladie... mais pas de chagrin... Il n'y a qu'un dimanche pour mourir de tristesse, d'intentions, de constats...
"Sunday, bloody sunday..."Putain de dimanche"... le distributeur français du film de Schlesinger l'avait pudiquement traduit par "Un dimanche comme les autres" . C'était faux, certes, mais curieusement et par hasard, c'était pas idiot... car la grande faiblesse du dimanche, sa tare rédhibitoire, c'est effectivement, d'être "comme les autres".

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Cher pp,
C'est bizarre les souvenirs, 15 ans d'écart et pourtant les miens sont en partie les vôtres: la messe épisodique mais de toute façon tellement plus amusante vue de la tribune, et la forêt de Moulière, (arbres centenaires et allées rectilignes) le dimanche après-midi. Je prenais toujours un jus d'ananas au chalet qui était à l'orée; ma soeur optait pour le nectar d'abricot. Le temps s'étirait et collait comme de la glue. Cela passait plus vite au printemps ou en été quand on allait voir les cousins-cousines à Salles (?) ou Chiré les bouts de bois. Parfois, diversion automnale bienvenue on mangeait l'omelette aux champignons frâchement récoltés chez la grand-mère. Ca sentait bon dans la cusine. C'était l'heure de Discorama (?)avec Denise Glaser. Mais bernique pour le grand film du Dimanche soir, il fallait se coucher. Moi qui ai toujours aimé l'école, j'aspirais au lundi adoré.
Bises pas nostalgique du tout, du tout
Angevine

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