26 mai, 2009

Pète-en-soie et la rue aux boxons

Jean Françaix compositeur génial (quoi qu'en disent les sourds, les pisse-vinaigre et autres sérialistes compulsifs non-médicalisés) et manceau d'origine racontait cette histoire que mon père, son contemporain ou peu s'en faut, racontait lui aussi il y a fort longtemps. Je vous cite donc deux sources qui n'avaient aucun lien entre elles...
Le Cardinal Grente, archevêque du Mans et académicien était une créature fabuleuse, soignée de la soutane, pompeux de la calotte et soucieux de son confort. On l'avait, pour son goût du luxe et de l'apparat, sa délicatesse intrinsèque, surnommé Pète-en-soie. Entre les deux guerres, l'évêché hérita d'une paroissienne attentionnée une série d'immeubles dans une rue populaire du Mans que l'évêque par sa fonction autant que sa vertu s'abstenait de fréquenter. Mais comme je vous le disais hier, quand on a charge d'âmes on ne refuse pas un don quelle qu'en soit l'origine. C'est ainsi que Pète-en-soie devint, ès-qualité, propriétaire d'une grande partie des bordels de sa juridiction.

Mais je lis à l'instant dans Wikipédia une autre version des faits... encore plus intéressante...

Dans Ces Messieurs du Canard (Stock, 1973), Jean Egen raconte en jubilant un tour que le Canard Enchaîné joua à l'archevêque ; ce dernier, peu avant la Première Guerre Mondiale, avait acheté des maisons closes qu'il trouvait trop proches de la cathédrale, dans l'intention de donner congé à leurs gênants locataires. Mais le conflit surgit et les autorités tinrent à conserver ces établissements, si utiles au moral des troupes. Après l'Armistice de nouvelles lois sur le maintien dans les lieux permirent aux tenanciers de rester sur place en versant des loyers, au reste ridicules, au prélat qui enrageait . Georges de la Fouchardière eut vent de l'affaire et se hâta de publier dans le Canard enchaîné des documents prouvant que l'archevêque était propriétaire de maisons closes, sans approfondir l'affaire comme il se doit. Le prélat fit un procès en 1924 mais le perdit, le tribunal estimant qu'il n'y avait pas diffamation mais simple plaisanterie.

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