10 mars, 2010

Alain Corbin - "Le village des Cannibales" - Fin

Je viens de terminer le livre de Corbin dont j'avais commencé, et dés les premières pages, par vous dire tout le bien que j'en pensais. Je confirme ma première impression. On peut faire oeuvre d'historien et d'écrivain en même temps. Il ne s'agit pas ici de traiter la narration comme le firent en leur temps les Decaux et Castelot, bien qu'ils furent, certes, respectables, en écrivains du XIX° siècle. Le projet est tout autre. Il s'agit de renouveler l"Ecriture" en utilisant l' "Histoire" et les traces qu'en laissent les archives, redoutables et terrifiants constats des jeux et des pouvoirs. Je me demandai dès les premières pages, comment ça fonctionnait, cette écriture qui vous tient en haleine et ce tout en fuyant avec soin le "romanesque sensationnel". J'ai en partie trouvé. Corbin évoque l'horreur en citant des "rapports", de police, de justice, de préfets, sans jamais la décrire... Nous épargnant ainsi l'obscénité des actes, il nous met face aux horreurs et aux incertitudes de l'âme, plus inquiétantes encore que les faits qu'elles engendrent... Les crimes sont d'un jour quand les pensées perdurent...
Pas un seul détail du supplice, rien, mais un amoncellement d'hypothèses des intentions, à focales variables, plans serrés ou lointains, savamment agencés, comme le montage d'un film, dont Godard disait qu'il est avec le cadrage, la chose la plus importante. Le résultat est bien plus effrayant encore tant il laisse à penser que ça peut se reproduire... Ok ! Il faut savoir faire... Il sait, il sait très bien, Monsieur Corbin.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Hé oui...On retrouve là l'idéal du classicisme, du théâtre qui ne montre rien, qui n'existe que par les paroles et les points de vue.Ce qui évite le piège du réalisme qui se démode si vite! L'art transpose le réel à,partir du réel lui-même, certes...mais surout lui donn eune autre réalité...qui pourra aller jusqu'à une sur-réalité.Mais c'est une autre histoire!
Ce jeu des témoignages, des points de vue est le moteur du faux coupable d'hitchcock et de Rashomon de Kurosawa... Mais il n'y a pas besoin d'énigme pour que cette façon de voir les façons de voir soit souvent admirable!
hors landau

LESA FAKER a dit…

ah ah !

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