14 décembre, 2011

Mercière et tolérante

Au tout début des années soixante-dix, Mademoiselle Paulette G. tenait une charmante boutique de mercerie. En fait, elle vendait surtout, c'était nouveau à l'époque, des ouvrages "créatifs" de broderies, travaux d'aiguilles, et autres macramés. Son échoppe était toute petite, mais délicieusement agencée, murs blanc et meubles de bois cérusé. C'était une affaire qui tournait. Au point un jour de devoir embaucher une vendeuse.
Paulette G. était quinquagénaire, charmante, belle femme, célibataire volontaire, à la mode, tout en étant d'une fraîcheur absolue ; elle habitait une jolie maison dans la proche campagne poitevine et roulait en Austin Cooper, c'est vous dire.
Elle reçut donc, ayant passé une annonce dans la presse locale, plusieurs jeunes filles mais n'en garda qu'une qui lui semblait la plus motivée mais aussi par son look la plus "moderne", en rapport avec sa clientèle un peu branchée, un peu bobo, dirait-on aujourd'hui. Elle la retint donc. Au bout de quelques jours d'essai, Paulette ravie, l'informa de ce qu'elle lui avait préparé son contrat. Mais la jeune fille jugea bon de la prévenir avant de signer et devoir lui énoncer un numéro de sécu qui commençait par 01. Murielle s'appelait en fait Maurice.
- Mademoiselle, lui dit-elle, je dois vous le dire, par honnêteté, je suis en fait un travesti.
- Mais c'est pas grave, lui rétorqua Paulette, c'est pas grave, mon petit, ça vous passera !

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