12 janvier, 2012

Les vœux à l'anglaise

Newton habitait d'un quartier résidentiel de Londres l'une des maisons ravissantes avec un pronaos, des bow-windows et ces étonnantes fenêtres à guillotine qu'on ne voit qu'en Angleterre. Il n'était pas dans la misère et après une carrière militaire couronnée par un grade de colonel, il pantouflait dans les assurances. Sa carrière d'officier s'était faite à Buckingham, puisqu'il avait été pendant des années des "pages" du Prince de Galles, sorte de garde rapprochée et intime. Il parlait un français irréprochable, roulait dans une grosse Peugeot immatriculée, privilège des gens chic, à son chiffre NWB, recevait admirablement bien et cuisinait à la française. Newton qui devait avoir quand nous l'avons connu, Élie et moi, la cinquantaine passée, était, pour ne rien vous cacher, le sugar-daddy d'un de nos amis parisiens.
Chaque année, comme tout anglais, il recevait un flot de cartes de vœux qu'il exposait, le temps des fêtes, c'était la mode à l'époque, un signe aussi de reconnaissance sociale et de réussite, dans son salon, sur les miroirs des cheminées, les commodes, les dessertes, sur le piano à queue, bref un peu partout.
Seules les cartes de la famille royale, à commencer par celles de la reine, avaient un traitement particulier et un sort plus durable, puisqu'il en tapissait depuis des années ses toilettes, des murs au plafond.

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