27 novembre, 2012

Enterrement de classe et tranche de vie .

Aujourd'hui, on a enterré Lulu.  Lulu n'avait plus d'âge que celui de son état-civil. Il jouait, il y a encore cinq ou six ans à la fanfare. Il tenait l'un des  clairons, mais  valait mieux ne pas approcher une flamme de son pavillon quand  il jouait. Lulu  avait été le premier mari de Marcella, robuste sicilienne avec qui il eut deux enfants, un garçon et une fille bien sympathiques. Et puis Marcella l'a quitté. Malgré le divorce que Lulu regrettait toujours, Marcella continuait avec lui   et en toute amitié de fréquenter la fanfare jusqu'à ce qu'une maladie des yeux et puis le reste empêchât Lulu d'y venir. Elle, elle  tenait et tient toujours un tambour sur lequel elle a ajouté des cloches brésiliennes qu'elle frappe avec ardeur, couleur locale garantie. Elle porte sur sa plantureuse poitrine des t-shirts en lamé dédiés à Johnny ou à Herbert Léonard, manque que Sardou
Entre temps Marcella a épousé Pierrot, phénoménale et scrofuleuse outre à vin,  qu'elle ravitaillait quotidiennement  en jaja de base, revenant de l'épicerie du coin un casier de six litrons "bouteille étoile"  ( y en avait encore à l'époque) dans chaque main. Et Pierrot racontait en permanence, en boucle,  qu'il avait été le batteur des Moustik's un prétendu célèbre groupe français de rock des sixties (!). Pierrot était copain avec Lulu, y a pas de raison, transfert de compétence en quelque sorte, ils se pochetronnaient de conserve. Et puis Pierrot, le  jour où la coupe a été trop pleine,  a pour ainsi dire explosé sa vinasse dans l'appartement conjugal, coma éthylique bien sûr et puis syndrome de Mendelson à domicile. Il a eu droit à des obsèques quasi-municipales.
A peine veuve d'un mois, Marcella a rencontré au bistrot où elle a ses habitudes,  Gérard, alcoolo notoire, mais, comme Lulu, du genre cirrhose sèche,  qu'elle a épousé aussitôt, et avec qui elle vit encore. Le mariage c'est comme le cheval, si on est tombé faut remonter tout de suite . 
Je vous raconte tout ça pas pour  faire du Zola, moi ce que je raconte,  je l'ai  vu et surtout entendu en direct... Marcella était brouillée avec ses enfants qui s'occupaient chaleureusement de leur désormais défunt père  ; ceux-ci en larmes n'ont pas eu le cœur à causer. Et comme, ce matin,  il n'y avait pas eu d'église, c'est Gérard, l'actuel mari de celle qui aurait pu être sa veuve qui a fait l'éloge funèbre du défunt,  sur le bord de la tombe après que le représentant des anciens d'Algérie ait fait son baisser/relever de drapeau, et que le maître de cérémonie demandé une minute de silence. 
Je vous la fait en bref car c'est la fin qui compte
" Coco, (son surnom de bistrot)  on t'aimait bien. Tu aimais bien la table et le quatre / vingt et un, et la belote !   on en a fait des parties ensemble ! /......................./  Alors Coco, maintenant  chaque fois qu'on jouera au  quatre / vingt et un et puis à la belote on boira un coup à ta santé
Je vous jure, je n'ai rien inventé.  Sur le coup j'ai eu un doute, mais y  a des témoins,

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